Published on May 15, 2024

La décision entre un courtier immobilier et DuProprio n’est pas une simple question d’économie sur la commission, mais une évaluation de votre tolérance au risque transactionnel.

  • Un courtier facture une expertise pour mitiger des risques (juridiques, financiers, sécuritaires) que la vente sans intermédiaire vous laisse entièrement gérer.
  • Les économies offertes par DuProprio sont réelles, mais elles exigent du temps, une compétence avérée et l’acceptation du risque d’une vente sous-optimale ou échouée.

Recommandation : Évaluez objectivement votre capacité à gérer la complexité et les imprévus d’une transaction immobilière avant de renoncer à un service professionnel complet.

La question taraude chaque propriétaire québécois sur le point de vendre : faut-il confier sa maison à un courtier et accepter de payer une commission de 4% ou 5%, ou tenter l’aventure avec DuProprio pour économiser des dizaines de milliers de dollars ? La promesse d’une vente “en 3 jours” dans un marché actif peut rendre la deuxième option particulièrement alléchante. À première vue, le débat semble se résumer à une simple équation : économiser de l’argent contre économiser du temps.

Pourtant, cette vision est réductrice. Elle ignore les “frictions invisibles”, ces points critiques d’une transaction où l’expertise, le réseau et le cadre légal d’un professionnel font la différence. L’asymétrie d’information entre un vendeur occasionnel et un marché immobilier complexe est une réalité. L’enjeu n’est donc pas seulement de vendre, mais de vendre au meilleur prix possible, dans les meilleurs délais et, surtout, en minimisant les risques juridiques et financiers qui peuvent survenir bien après la signature.

Cet article dépasse le débat de surface. En se basant sur des données du marché québécois, nous allons disséquer les points de friction où la valeur d’un courtier se justifie, ou non. Au lieu de vous dire quoi choisir, nous vous fournirons une analyse objective des risques transactionnels pour que vous puissiez évaluer le coût d’opportunité réel de chaque option. La véritable question n’est pas “combien ça coûte ?”, mais plutôt “quel niveau de risque suis-je prêt à assumer personnellement ?”.

Pour vous guider dans cette décision stratégique, nous analyserons en profondeur les aspects essentiels qui distinguent les deux approches. Des frais réels cachés derrière la commission à la gestion de la sécurité des visites, chaque section vous offrira des clés pour faire un choix véritablement éclairé, adapté à votre propriété et à votre profil de vendeur.

Pourquoi payer 4% ou 5% de commission : qu’est-ce qui justifie la différence de service ?

La commission immobilière, oscillant généralement entre 4% et 7% au Québec, représente la différence la plus visible entre un courtier et DuProprio. Pour une propriété de 500 000 $, cela équivaut à une somme de 17 500 $ à 25 000 $ plus taxes. La question est de savoir si le service rendu justifie cet écart face aux forfaits fixes de DuProprio, qui se situent entre 699 $ et 1 600 $. L’analyse objective ne réside pas dans le montant, mais dans la nature et le moment du paiement, ainsi que dans l’étendue des services.

Le modèle du courtier est basé sur le succès : la commission n’est due qu’à la signature de l’acte de vente chez le notaire. À l’inverse, les frais de DuProprio sont payables d’avance, que la vente se concrétise ou non. Cette distinction fondamentale aligne les intérêts du courtier avec ceux du vendeur. Le courtier a une incitation financière directe à obtenir le meilleur prix possible, car sa rémunération en dépend. De plus, il assume les coûts de mise en marché initiaux (photographie, publicité, etc.), un risque financier que le vendeur DuProprio porte seul.

Le service va bien au-delà de la simple publication d’une annonce. Un mandat de courtage inclut typiquement une analyse comparative de marché (ACM) pour fixer un prix stratégique, l’accès au réseau Centris (MLS) qui démultiplie la visibilité auprès de milliers d’autres courtiers et de leurs acheteurs qualifiés, la gestion des appels, le filtrage des acheteurs, la coordination des visites, et surtout, la négociation professionnelle des offres d’achat. C’est dans cette phase de négociation, souvent complexe et émotive, que l’expertise d’un tiers peut préserver des milliers de dollars ou sauver une transaction. L’expérience montre que le choix dépend du profil : une famille a vendu avec succès via DuProprio, mais après plus d’un an, tandis qu’une autre a échoué avant de réussir avec un courtier, illustrant que le marché local et l’implication personnelle sont des facteurs décisifs.

Le tableau suivant, basé sur des données du marché québécois, synthétise les différences fondamentales pour une maison de 500 000 $.

Comparaison des coûts et services : Courtier vs DuProprio pour une maison de 500 000 $
Critère Courtier immobilier (4-5%) DuProprio
Coût total 17 500 $ à 25 000 $ + taxes 699 $ à 1 600 $ (forfait fixe)
Paiement À la vente seulement D’avance (payé même sans vente)
Services inclus Photos HDR, visite virtuelle, négociation, réseau MLS Photos de base, affichage DuProprio, support téléphonique
Note satisfaction Protégez-Vous 2023 Via Capitale: 8/10 DuProprio: 8,6/10
Réseau de diffusion Centris + réseau courtiers DuProprio.com principalement

Contrat résiliable ou non : quels sont vos droits si le courtier ne vend pas votre maison ?

Signer un contrat de courtage exclusif lie un vendeur à un courtier pour une période déterminée, généralement de 90 à 180 jours. Une crainte légitime est de se retrouver “prisonnier” d’un professionnel qui ne livre pas les résultats escomptés. Il est donc fondamental de comprendre les clauses de résiliation et les recours possibles avant de s’engager. Au Québec, le contrat de courtage est encadré par l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), qui protège le public.

Si vous êtes insatisfait des services de votre courtier – manque de communication, peu de visites, stratégie de marketing inadéquate – la première étape est toujours un dialogue formel. Exprimez vos préoccupations et demandez un plan d’action corrigé. Si la situation ne s’améliore pas, l’étape suivante consiste à contacter le directeur de l’agence immobilière. En tant que supérieur hiérarchique, il a le pouvoir d’intervenir, de proposer une médiation ou même d’assigner un autre courtier à votre dossier. La plupart des agences préfèrent résoudre les conflits à l’interne plutôt que de risquer une mauvaise réputation.

La résiliation unilatérale du contrat est possible, mais souvent conditionnelle. De nombreux contrats prévoient une clause permettant au vendeur de mettre fin au mandat après une certaine période (par exemple, 90 jours) sans pénalité. Cependant, si vous résiliez avant terme et sans motif valable, le courtier pourrait réclamer le remboursement de ses frais engagés. Si le courtier a manqué à ses obligations déontologiques, un recours auprès de l’OACIQ est envisageable. Cet organisme peut enquêter et imposer des sanctions. Il est toutefois important de noter les limites de cette protection.

Le public n’est protégé que contre certains actes commis par le courtier, mais la Loi sur le courtage immobilier n’offre pas de garantie supplémentaire contre les vices cachés ou le désistement d’un acheteur.

– Maria Elena Bejan, Notaire chez DuProprio

Cela signifie que même avec un courtier, la diligence du vendeur reste essentielle. Le service du courtier vise à minimiser les risques, pas à les éliminer entièrement.

Plan d’action : vos recours en cas d’insatisfaction avec votre courtier au Québec

  1. Discussion formelle : Exprimez vos préoccupations au courtier et demandez des ajustements écrits à la stratégie.
  2. Médiation par l’agence : Contactez le directeur de l’agence pour une médiation interne et explorer les options.
  3. Vérification du contrat : Relisez attentivement les clauses de résiliation de votre contrat de courtage (durée, conditions, pénalités).
  4. Recours à l’OACIQ : En cas de manquement déontologique prouvé, déposez une demande d’assistance auprès de l’OACIQ.
  5. Consultation juridique : Pour une résiliation complexe ou litigieuse, consultez un avocat spécialisé en droit immobilier.

Photos HDR et visite virtuelle : sont-elles incluses dans le mandat ou en extra ?

À l’ère numérique, la première visite d’une propriété ne se fait plus en personne, mais en ligne. La qualité des visuels est donc un facteur déterminant pour capter l’attention des acheteurs et provoquer le désir de visiter. La différence entre des photos standards prises avec un téléphone et des photographies HDR professionnelles ou une visite virtuelle immersive est considérable. Cette qualité visuelle n’est pas un luxe, mais un outil de marketing stratégique.

En règle générale, un courtier immobilier qui opère avec une commission standard (4% ou plus) inclut un forfait de marketing complet. Cela comprend quasi systématiquement une séance avec un photographe professionnel spécialisé en immobilier. Ces photographes utilisent des techniques comme le HDR (High Dynamic Range) pour équilibrer les zones sombres et lumineuses, offrant un rendu fidèle et attrayant, surtout pour les pièces avec de grandes fenêtres. La visite virtuelle Matterport, qui permet une immersion 3D, est également de plus en plus souvent incluse dans le service de base, car elle constitue un puissant outil de filtrage : les acheteurs qui visitent après avoir exploré virtuellement sont souvent plus sérieux.

Comparaison entre photos immobilières professionnelles HDR et photos standards

Avec DuProprio, le forfait de base inclut un certain nombre de photos, mais la qualité peut varier. Pour obtenir des services équivalents à ceux d’un courtier, comme la photographie HDR ou des options de visibilité accrue, il faut souvent opter pour les forfaits supérieurs ou payer des extras. Une séance de photos HDR coûte généralement entre 300 $ et 500 $. Ces coûts s’ajoutent au forfait initial et sont à la charge du vendeur, que la maison soit vendue ou non. L’impact de cet investissement est quantifiable : selon les analyses du marché immobilier québécois, les propriétés avec photos professionnelles se vendent 32% plus rapidement et génèrent 15% plus de visites. Le service d’un courtier mutualise ce coût et l’intègre dans une stratégie globale, alors que le vendeur sans intermédiaire doit le gérer comme un investissement direct avec un risque financier.

Voici un aperçu des services inclus par défaut versus les options payantes :

  • DuProprio (Forfait de base) : Photos standards, affichage sur le site DuProprio.
  • DuProprio (Forfaits supérieurs/Extras) : Photos de qualité supérieure, parfois visite virtuelle, mais souvent en supplément.
  • Courtier (Commission 4-5%) : Photos HDR professionnelles, visite virtuelle 3D, home staging virtuel et marketing ciblé sur les réseaux sociaux sont fréquemment inclus.

L’erreur de refuser la première offre au prix affiché en espérant une guerre d’enchères

Dans un marché vendeur, caractérisé par un inventaire bas, la tentation est grande pour un propriétaire de refuser une première offre, même si elle est au prix demandé. L’espoir d’une surenchère, alimenté par les récits de propriétés vendues bien au-dessus du prix affiché, peut pousser à une prise de risque. Cependant, cette stratégie est à double tranchant et peut se retourner contre le vendeur. Une première offre solide est souvent le fruit d’un acheteur très motivé, pré-approuvé et qui suit le marché depuis des semaines. La rejeter ou la faire attendre dans l’espoir d’une offre hypothétique est un pari.

L’analyse du marché québécois montre que la surenchère est une réalité, mais pas une généralité. Par exemple, dans la région de Québec en octobre 2024, une transaction sur trois pour les maisons unifamiliales a fait l’objet de surenchères. Si ce chiffre est significatif, il signifie aussi que deux transactions sur trois ne le sont pas. Baser sa stratégie sur l’exception plutôt que la règle est une erreur d’analyse. Un courtier d’expérience saura évaluer la force de la première offre : la rapidité de son dépôt, le profil financier de l’acheteur et les conditions qui y sont rattachées. Il pourra conseiller de l’accepter, de la contrer ou de la mettre en attente en activant une stratégie d’offres multiples.

La stratégie la plus efficace pour générer des offres multiples n’est pas d’attendre passivement, mais de la provoquer activement. Les courtiers utilisent une méthode éprouvée :

  1. Prix juste : Afficher la propriété à sa juste valeur de marché, voire légèrement en dessous, pour attirer un maximum d’acheteurs.
  2. Blocage des visites : Concentrer toutes les visites sur une courte période (ex: vendredi à dimanche).
  3. Date de présentation : Annoncer dès le départ qu’aucune offre ne sera répondue avant une date et une heure précises (ex: lundi à 19h).

Cette approche crée un sentiment d’urgence et de compétition contrôlé. Un vendeur seul peut avoir du mal à orchestrer cette stratégie sans paraître manipulateur ou sans commettre d’impair. Refuser une bonne offre pour se retrouver sans aucune autre offre une semaine plus tard est un scénario fréquent, qui oblige le vendeur à recontacter le premier acheteur en position de faiblesse. La première offre est souvent la meilleure, car elle vient d’un acheteur qui craint de perdre la propriété. Les offres suivantes sont parfois des tentatives opportunistes d’acheteurs moins motivés.

Problème de sécurité : comment filtrer les curieux des vrais acheteurs sans agent ?

Vendre sa maison sans intermédiaire signifie ouvrir sa porte à des inconnus. La gestion de la sécurité, tant pour les biens que pour les personnes, devient alors une responsabilité directe du propriétaire. Un courtier agit comme un premier filtre essentiel : il ne fait généralement visiter une propriété qu’à des acheteurs dont l’identité est connue et dont la capacité financière a été au minimum pré-vérifiée. Sans cet intermédiaire, le vendeur doit mettre en place ses propres protocoles pour distinguer les acheteurs sérieux des simples curieux, voire des individus mal intentionnés.

Le premier niveau de filtrage est la qualification financière. Un acheteur sérieux doit détenir une lettre de pré-approbation hypothécaire d’une institution financière. En tant que vendeur seul, il est impératif d’exiger ce document avant de planifier une visite. Cela permet non seulement de s’assurer du sérieux de la démarche, mais aussi d’éviter de faire perdre du temps à tout le monde. Ne pas le faire expose à recevoir une offre d’achat d’une personne qui, au final, n’obtiendra pas son financement, faisant échouer la transaction après des semaines d’attente et la perte d’autres acheteurs potentiels.

Le deuxième niveau est la sécurité physique durant les visites. Il est fortement déconseillé de faire visiter seul. La présence d’une deuxième personne est une précaution de base. De plus, il est judicieux de demander une pièce d’identité à l’arrivée et de tenir un registre des visiteurs. Ranger les objets de valeur, les médicaments sur ordonnance et les documents personnels est une évidence qui est parfois oubliée dans la précipitation. Un courtier, par sa simple présence professionnelle, décourage de nombreux comportements déplacés. Cette absence de filtre peut avoir des conséquences mesurables : les données du marché québécois montraient un taux de succès de 80% pour DuProprio contre 89% pour les courtiers en 2018. Cet écart, bien que s’étant possiblement resserré, s’explique en partie par les transactions qui échouent en raison d’une mauvaise qualification des acheteurs, un risque que le courtier minimise.

Pourquoi un certificat de localisation de plus de 10 ans peut bloquer votre transaction ?

Parmi les documents essentiels à une transaction immobilière au Québec, le certificat de localisation est l’un des plus critiques et souvent des plus sous-estimés par les vendeurs. Ce document, préparé par un arpenteur-géomètre, est un rapport complet qui inclut un plan et une opinion professionnelle sur la situation et la condition actuelles d’une propriété par rapport aux titres de propriété, au cadastre, ainsi qu’aux lois et règlements municipaux. Il ne s’agit pas simplement d’un “plan de la maison”.

Une erreur fréquente est de penser qu’un ancien certificat est toujours valide. Or, le notaire et le prêteur hypothécaire de l’acheteur exigeront quasi systématiquement un certificat récent. La règle tacite du marché est qu’il doit refléter l’état actuel de l’immeuble. Si des changements ont eu lieu (ajout d’une piscine, d’un cabanon, d’une terrasse, rénovation majeure), un nouveau certificat est indispensable. Plus important encore, un aspect juridique crucial entre en jeu.

Arpenteur-géomètre examinant un terrain avec équipement professionnel au Québec

Comme le précise l’OACIQ, le Code civil du Québec a des implications directes sur la validité perçue du certificat.

Si le certificat date de plus de 10 ans, le notaire en exigera un nouveau en raison de la prescription décennale prévue à l’article 2917 du Code civil du Québec permettant l’acquisition d’un droit de propriété.

– OACIQ, Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec – Guide des pratiques

En clair, après 10 ans, un empiètement non contesté (par exemple, la haie du voisin sur votre terrain) pourrait devenir un droit acquis. Un nouveau certificat est donc nécessaire pour confirmer qu’aucun nouveau droit n’a été créé et que la propriété est toujours conforme. Découvrir un problème à quelques jours de la signature peut faire capoter la vente ou entraîner une renégociation de prix douloureuse.

Étude de cas : Problèmes coûteux révélés par un nouveau certificat

Un vendeur pensait que sa propriété était en parfait ordre. Un nouveau certificat de localisation, exigé par le notaire, a révélé deux problèmes majeurs : une piscine creusée il y a 5 ans avait été installée sans permis et ne respectait pas les nouvelles marges de reculement (coût de mise aux normes estimé à 15 000 $), et un cabanon empiétait sur une servitude d’Hydro-Québec, nécessitant son déplacement (coût de 5 000 $). L’acheteur a menacé de se retirer, forçant le vendeur à créditer 20 000 $ sur le prix de vente pour conclure la transaction. Un courtier aurait exigé la mise à jour du certificat dès la prise du mandat, évitant cette mauvaise surprise de dernière minute.

Évaluation municipale vs prix de vente : comment justifier un prix plus élevé ?

L’évaluation municipale est souvent le premier chiffre que les acheteurs (et les vendeurs) consultent pour se faire une idée de la valeur d’une propriété. Cependant, c’est l’un des indicateurs les moins fiables pour déterminer le prix de vente actuel. L’évaluation municipale sert avant tout de base au calcul des taxes foncières. Elle est établie périodiquement (souvent tous les trois ans) et reflète la valeur de la propriété à une date passée, sans tenir compte des fluctuations rapides du marché ni des rénovations effectuées depuis.

Dans un marché dynamique comme celui du Québec, un décalage important est la norme. Par exemple, les statistiques de l’APCIQ montraient que le prix médian des unifamiliales avait atteint 450 000 $ en 2024, soit une hausse de 8% en un an, alors que de nombreuses évaluations dataient encore de 2021 ou 2022. Un vendeur qui fixe son prix bien au-dessus de l’évaluation municipale doit être en mesure de le justifier de manière factuelle et convaincante, au risque de faire fuir les acheteurs ou de recevoir des offres basses.

C’est ici que l’Analyse Comparative de Marché (ACM), préparée par un courtier, devient un outil stratégique. Contrairement à l’évaluation municipale, l’ACM est une photographie en temps réel du marché. Un courtier s’appuie sur une méthode rigoureuse pour établir une fourchette de prix juste :

  • Les comparables vendus : Analyse des propriétés similaires (taille, quartier, caractéristiques) vendues au cours des 6 derniers mois. C’est l’indicateur le plus fort.
  • La compétition actuelle : Étude des propriétés similaires actuellement en vente. Cela permet de se positionner stratégiquement.
  • Les inscriptions expirées : Analyse des propriétés qui ne se sont pas vendues. Cela aide à identifier le “prix plafond” que le marché n’est pas prêt à payer.
  • Les ajustements : Pondération de la valeur en fonction des caractéristiques uniques de la propriété (rénovations majeures, terrain, vue, etc.).

Un vendeur sans intermédiaire n’a pas accès aux données précises de Centris sur les prix de vente finaux et doit se fier à des estimations ou payer un évaluateur agréé (un coût d’environ 500 $). Défendre un prix de 550 000 $ pour une maison évaluée à 450 000 $ sans une ACM solide est un exercice difficile. Le courtier ne fait pas que fixer le prix ; il fournit au vendeur l’argumentaire et les preuves pour le défendre face aux acheteurs et à leur propre courtier.

À retenir

  • La décision entre courtier et DuProprio est moins une question de coût que de transfert de risque : payez-vous pour qu’un expert gère les risques ou assumez-vous ces risques pour économiser la commission ?
  • Les services d’un courtier (marketing, réseau MLS, négociation) sont conçus pour maximiser le prix de vente et la sécurité, un résultat non garanti lorsque vous vendez seul.
  • Les aspects techniques et juridiques (certificat de localisation, qualification des acheteurs, stratégie d’offres) sont des points de friction où l’inexpérience peut coûter cher.

Vendre au Québec dans un marché à taux hypothécaires élevés : quelle stratégie adopter ?

Un environnement de taux d’intérêt élevés, comme celui observé avec des taux hypothécaires autour de 5%, modifie profondément le comportement des acheteurs. Leur capacité d’emprunt est réduite, ce qui les rend plus prudents, plus sélectifs et plus sensibles au prix. Vendre dans ce contexte exige une stratégie plus fine que dans un marché en effervescence. Étonnamment, le marché québécois a montré une forte résilience : le bilan de 2024 a révélé près de 90 369 propriétés vendues, un bond de 19%, en partie grâce à des ajustements comme l’amortissement sur 30 ans pour les nouvelles constructions. Cela indique qu’il y a toujours des acheteurs, mais qu’ils sont plus difficiles à convaincre.

Dans ce contexte, deux aspects deviennent cruciaux : la fixation d’un prix irréprochable et la validation rigoureuse de la capacité financière des acheteurs. Une maison surévaluée de 15 000 $ pourrait être ignorée par des acheteurs qui, il y a deux ans, l’auraient visitée. L’ACM professionnelle devient encore plus critique. De même, le risque qu’un acheteur n’obtienne pas son financement augmente. Un courtier peut minimiser ce risque en collaborant avec des courtiers hypothécaires de son réseau pour pré-qualifier sérieusement les visiteurs, allant au-delà de la simple lettre de pré-approbation.

Une autre stratégie complexe mais potentiellement gagnante dans ce marché est la prise en charge d’hypothèque. Un vendeur qui détient une hypothèque à un taux très avantageux (ex: 2,1% datant de 2021) peut offrir à l’acheteur de la “transférer”. C’est un argument de vente extrêmement puissant qui peut justifier un prix de vente plus élevé. Cependant, cette opération est juridiquement complexe et nécessite l’accord de la banque. Un courtier d’expérience saura comment structurer une telle offre, tandis qu’un vendeur seul pourrait se perdre dans les méandres administratifs. Le tableau ci-dessous met en lumière les différences stratégiques dans un tel marché.

Stratégies de vente selon le contexte de taux d’intérêt élevés
Stratégie Avec courtier Sans courtier (DuProprio)
Fixation du prix parfait ACM professionnelle avec données Centris exclusives Estimation personnelle ou évaluateur externe (500 $ et +)
Filtrage capacité financière Validation par réseau de courtiers hypothécaires Vérification manuelle des pré-approbations
Prise en charge d’hypothèque Expertise pour transférer un taux avantageux (ex: 2.1%) Complexité juridique difficile à gérer seul
Gestion des renouvellements Anticipation des échecs de financement Risque élevé de transaction échouée

Adapter sa stratégie au contexte économique n’est pas une option, c’est une nécessité. Comprendre comment les taux influencent le pouvoir d'achat est la première étape pour vendre efficacement.

En fin de compte, le choix entre un courtier et une vente autonome ne doit pas être dicté par la peur de la commission, mais par une auto-évaluation honnête de vos compétences, de votre temps disponible et de votre tolérance au risque. Pour mettre en pratique ces conseils, l’étape suivante consiste à obtenir une analyse personnalisée de votre propriété et de votre situation par un professionnel pour chiffrer précisément les deux scénarios.

Questions fréquentes sur la vente avec ou sans courtier au Québec

Comment valider la capacité financière d’un acheteur sans courtier ?

Exigez systématiquement une lettre de pré-approbation hypothécaire récente (moins de 30 jours) d’une institution financière reconnue. Pour une validation accrue, vous pouvez demander à votre notaire de vérifier le document ou, avec l’accord de l’acheteur, contacter directement le conseiller bancaire mentionné.

Quelles précautions prendre lors des visites ?

Ne faites jamais visiter seul ; soyez toujours accompagné d’un proche. Exigez une pièce d’identité à l’arrivée et conservez un registre des visiteurs avec leurs coordonnées. Programmez les visites en plein jour et regroupez-les pour créer un flot de visiteurs, ce qui est plus sécuritaire. Enfin, mettez tous vos objets de valeur et documents personnels hors de vue.

Que faire si un acheteur se désiste après acceptation de l’offre ?

Sans courtier, vous devrez gérer seul les conséquences. Cela implique de remettre immédiatement la propriété sur le marché, ce qui peut nuire à son attractivité (“pourquoi est-elle de retour ?”). Vous perdez un temps précieux et le momentum de la vente. Si le désistement est abusif, vous pourriez engager des poursuites judiciaires pour dommages et intérêts, mais cela entraîne des frais et des délais. Un courtier peut aider à évaluer la solidité d’une offre en amont pour minimiser ce risque.

Written by Isabelle Lavoie, CPA auditeur et stratège financière spécialisée en fiscalité des particuliers et des PME au Québec.